• Les années noires.
    Après l'immense succès de Violator, DM offre Songs of Faith and Devotion, son nouvel opus qui sort en 1993. « Higher Love », « Walking in my shoes » et « I feel You » sont des titres encore plus rock, plus bruts, le tout produit de nouveau par Flood et Wilder. Choristes de gospels et section de cordes interviennent sur un album que le groupe sait très attendu. Le succès de nouveau au rendez-vous, la tournée « Devotional » va s'avérer éprouvante (plus d'un an et demi) : premières tensions au sein du groupe, prises excessives de drogues et d'alcool, et pour couronner le tout, Fletcher, victime d'une dépression, est remplacé pour quelques dates. La tournée achevée, le groupe se croit alors arrivé au bout de l'aventure.
    Le bilan au milieu des années 90 n'est guère réjouissant malgré leur énorme popularité : Gahan est devenu un véritable junkie vivant presque avec ses dealers, Gore s'isole, Fletcher essaie de maintenir la cohésion du groupe qui voit un de ses membres quitter l'aventure. Estimant que son travail n'est pas estimé à sa juste valeur et éprouvé par les tensions qu'il ressent au sein du groupe, Alan Wilder décide de le quitter en 1995. Il se consacre alors à son projet solo Recoil où il pourra davantage se livrer aux expérimentations qu'il affectionne. C'est peu dire que DM perd là un pilier créatif déterminant.
    La même année, Dave Gahan est hospitalisé pour tentative de suicide. Rétabli, il retrouve les deux membres restants début 1996 pour enregistrer un nouvel album mais il sera victime d'une overdose peu de temps après qui l'obligera à entreprendre une cure de désintoxication (ses deux amis en feront autant).

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  • Apothéose.
    DM connaît ainsi un étourdissant succès, et le groupe est alors sur le point d'atteindre son apothéose, aussi bien artistique que commerciale.
    Les quatre musiciens rentrent en studio à Milan pour enregistrer un nouvel album dont les maquettes de Martin L. Gore sont très épurées. Ils font appel au producteur Flood et enregistrent Violator où l'on retrouve les titres Personal Jesus, Policy Of Truth, World In My Eyes et surtout la chanson qui restera la plus célèbre et leur plus gros tube à ce jour : Enjoy The Silence, titre mélancolique au rythme trébuchant, ponctué de voix synthétiques célestes, dont le refrain est devenu un hymne imparable.
    Initialement composé comme une ballade (la démo de Martin Gore était épurée juste accompagnée à l'harmonium), Alan Wilder y a tout de suite décelé son potentiel : il a alors demandé à Gore de composer une ritournelle mélodique supplémentaire à la guitare (qui sera déclinée à différents octaves et jouée également aux claviers), le rythme fut accéléré et un soin tout particulier fut apporté à la production de la chanson (pour preuve, le titre est le seul qui fut mixé par Daniel Miller et Flood et non par le DJ français François Kevorkian qui mixa le reste de l'album).
    « Enjoy The silence » devint leur succès le plus célèbre (avec « People are People »), et Violator, album à la production des plus parfaites, a rejoint depuis le panthéon des disques incontournables de la scène electropop britannique.


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  • Music For The Masses.
    Pendant que leur pop synthétique gagne en noirceur, le succès grandit... ; l'ennui, la religion et le sexe deviennent les thèmes de prédilection des compositions de Martin L. Gore. Les albums Some Great Reward (1984) et Black Celebration (1986) confirment leur goût pour la musique industrielle allemande (notamment Kraftwerk) qui nourrit leurs samples inventifs : bruits de métaux lourds et percussions froides martèlent des titres comme « Master and Servant », « Blasphemous rumours » ou « Stripped » ; mais c'est le 45 tours « People are People » (extrait de Some Great Reward) et sa mélodie imparable qui leur permet de connaître le succès mondial (notamment aux États-Unis) en 1984/85. Succès renforcé par la parution fin 1985 de leur première compilation regroupant les singles édités depuis leur début. L'année suivante, l'album Black Celebration assoie leur réputation au Royaume-Uni et leur donne le statut de groupe culte outre-atlantique, où ils sont taxés de formation underground alors qu'ils sont perçus comme très commerciaux en Europe (leurs singles sont édités en une multitude de remixes pour accroitre leurs ventes).
    Prolifique, DM sort un disque par an et leur popularité s'accroît donc de manière impressionnante, le groupe essayant alors de s'affranchir de cette image de garçons coiffeurs à synthés qui leur colle à la peau. C'est notamment pour cette raison qu'ils sollicitent le photographe hollandais Anton Corbijn pour refaçonner leur image, afin qu'elle devienne davantage en adéquation avec leur musique.
    En 1987, l'album Music for the Masses marque une étape de plus dans la maturité du groupe. « Never Let Me Down again » est un rock synthétique virant à l'onirisme noir, s'achevant sur des ch½urs wagneriens et qui deviendra avec le temps l'hymne indispensable des concerts de Depeche Mode à travers le monde. Il donne le ton d'un disque encore plus abouti que les autres. Son succès international autorise une impressionnante tournée qui passe par les États-Unis et que le cinéaste américain D.A. Pennebaker choisira d'immortaliser : il s'agit du live 101 filmé au stade Rose Bowl à Los Angeles alors que DM se produit devant plus de 70 000 spectateurs. On y retrouve les grands succès du groupe : People are People, Never Let Me Down Again, Master and Servant, Everything Counts, Behind the wheel, Shake the Disease.

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  • Just Can't Get Enough.
    C'est lors d'un concert dans un club Londonien que Daniel Miller repère le groupe et décide de le signer sous son nouveau label : Mute Records. En 1981 sort leur premier single Dreaming Of Me suivi de New Life et enfin le hit planétaire Just Can't Get Enough. Ces premiers titres seront extraits de l'album Speak and Spell dont les compositions sont principalement de Vince Clarke (Martin L. Gore n'y est l'auteur que de deux chansons). Les synthétiseurs y tiennent une place privilégiée sur fond de boîtes à rythme. Mais aussitôt le succès acquis, Vince Clarke quitte le groupe et part fonder The Assembly, puis Yazoo avec Alison Moyet (une copine du lycée de Basildon), et enfin Erasure.
    Depeche Mode devient alors un trio sans parolier, et son avenir paraît bien compromis. Le trio décide néanmoins de poursuivre l'aventure : Martin L. Gore sera désormais auteur/compositeur du groupe qui recrute Alan Wilder en 1982 sur petite annonce. Celle-ci demande un homme de moins de 21 ans et un véritable musicien... Ce dernier, qui va devoir tricher sur son âge, est un musicien expérimentaliste doué, excellent pianiste, et son apport va se révéler déterminant (Gahan ne compose pas encore à l'époque et Fletcher qui n'est pas un musicien hors pair, s'occupe essentiellement du management ; certains journalistes s'interrogent encore aujourd'hui sur sa réelle fonction au sein de DM). Wilder est avant tout engagé pour assurer les lives, c'est la raison pour laquelle il ne participe pas à l'élaboration de A Broken Frame (1982) (album le plus dispensable de la carrière du groupe). L'apport artistique d'Alan Wilder se fera ressentir dans l'album Construction Time Again (1983) où il signe intégralement deux titres (« The landscape is changing » et « Two minutes warning »). Dans ce troisième opus du groupe apparaissent leurs premiers samples nourris de la musique industrielle allemande et leurs sons deviennent plus travaillés. Quant à leurs paroles, elles prennent des tournures plus politiques : « Get the balance right » et « Everything Counts » exposent les dérives du capitalisme.

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  • La genèse.
    C'est à Balsildon en 1977 en Angleterre (Essex), que Vince Clarke et Andrew Fletcher décident de créer un groupe à l'heure où le Royaume-Uni résonne au son du punk.
    Ils sont rejoints dès 1978 par un ami de lycée, Martin L. Gore et fondent « Composition of sound ».
    Le groupe trouve en Dave Gahan, repéré lors d'un casting alors que ni Gore ni Clarke ne se voient comme chanteur principal, une voix que le trio recherchait. Ce dernier est d'ailleurs à l'origine du nouveau nom du groupe inspiré par une revue française : « Depeche Mode ».
    Ce nom fut en quelque sorte « improvisé » par Dave Gahan, avant leur premier concert. Au téléphone avec l'organisateur, ce dernier lui demande le nom de leur groupe. Dave est pris de court. Devant lui, sur une table, repose un exemplaire du magazine « Depeche Mode »...
    Leurs premières compositions se voient refusées des maisons de disque qui n'apprécient guère la surcharge de synthétiseurs utilisés (instruments de prédilection du groupe à ses débuts).

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