• Tim Simenon

    Tim SimenonComment as tu rencontré le groupe ?
    Ma première rencontre avec Depeche Mode remonte déjà à plusieurs années. D'abord parce que j'avais eu l'occasion de leur mixer deux ou trois chansons, ensuite parce que la première structure qui m'a signé, Rhythm King, était une excroissance de Mute. J'étais un grand fan de ce label et de ce que faisait Daniel Miller, que ce soit de ses propres projets, The Normal et Silicon Teens, ou des artistes qu'il avait découverts, comme Fad Gadget. Mais, dans le cadre d'Ultra, j'ai rencontré Martin deux mois avant le début des sessions. Il m'a fait écouter quelques morceaux, et l'on a convenu de voir ce que l'on arrivait a faire ensemble pendant huit semaines. Comme tout le monde a été satisfait du travail effectué, j'ai fini par réaliser tout l'album.


    Tu as été surpris quand ils t'ont contacté ?
    Oui et non... Je savais qu'ils avaient eu vent de mon existence. (Rires.) Et puis, je connaissais bien Daniel. Je crois qu'ils hésitaient entre plusieurs noms et c'est lui qui a suggéré le mien.


    Tu connaissais bien leurs albums précédents ?
    Tu rigoles ? Je suis un grand fan de Depeche Mode depuis mon adolescence. J'ai découvert le groupe sur Some Bizarre Album : Photographic m'avait impressionné. Je me souviens qu'un ami avait ammené ce disque à l'école et que je lui avais emprunté. D'ailleurs, j'avais adoré toute la compilation, il y avait The The également... En tout cas, ensuite j'ai acheté Speak & Spell, et depuis je suis resté fidèle ! Dès leurs débuts, ils avaient d'excellents morceaux : j'adorais The Sun & The Rainfall sur A Broken Frame...


    En studio, tu devais respecter des directives bien précises ?
    J'avais plutôt une liberté totale, même si je devais rester à l'écoute du groupe. Martin n'est pas du genre à parler énormément, il te laisse plutôt faire ce que tu préfères et n'intervient que lorsqu'il n'aime pas du tout la direction que tu prends. Ce n'est pas forcement facile, mais ça me convenait. Je connaissais l'histoire et la philosophie du groupe sur le bout des doigts, et puis, pour moi, un producteur se doit d'être avant tout le catalyseur des idées de l'artiste : sa mission est d'emmener une idée initiale à son potentiel maximal... Et c'est pour cela que ça prend du temps, souvent. L'un des principaux souvenirs que je garde d'Ultra, c'est qu'il fut très long a terminer : l'enregistrement a dû se dérouler sur quinze mois, et j'ai fini exténué. Mais c'est aussi très agréable, car nous avons beaucoup voyagé, à New York, à Los Angeles avant de tout achever à Londres.


    Tu as travaillé sans doute sur l'un des disques les plus difficiles à réaliser de l'histoire du groupe...
    Ce n'est pas faux... En fait, le plus difficile pour Depeche Mode au départ, c'était de devoir enregistrer un nouvel album sans Alan. Ca ne leur était pas arrivé depuis quinze ans ! Il fallait qu'ils trouvent une nouvelle direction, de nouvelles marques, de nouveaux repères. D'ailleurs, quand Daniel et le groupe m'ont approché, la toute première chose que j'ai comprise, c'est qu'ils attendaient de moi que je remplace Alan pour ces sessions, ma mission principale était de bien gérer tout ce qu'il gérait lors des précédents enregistrements. Pour combler ce manque, je suis donc venu avec mon équipe habituelle, mon ingénieur du son, mon programmateur et mon clavier. Contrairement a ce que l'on pourrait penser, l'ambiance en studio était plutôt relax en général, même si je n'avais jamais considère ce genre d'endroit comme très glamour... Il y a quand même des choses plus excitantes à faire que d'écouter des chansons des dizaines de fois. (Rires.) Si quelqu'un qui ne connaît pas les arcanes de l'enregistrement entrait dans un studio et voyait tous ces gens se torturer l'esprit sur un son de synthé pendant des heures, il nous croirait complètement dingues. Mais moi, j'adore faire ça. (Rires.)


    Tu as ressenti une quelconque pression pendant l'enregistrement ?
    Pour les prises proprement dites, pas du tout, mais plutôt au moment du mixage. Ca ne tenait pas au groupe, je suis toujours comme ça. Le mix est forcement une étape délicate : il faut être efficace, rapide, et surtout, prendre des bonnes décisions.


    Il y a une chanson en particulier qui t'a posé plus de problèmes ?
    Barrel Of A Gun... Le morceau avait été choisi comme premier single, celui du « retour » en quelque sorte, et nous avons recommencé plusieurs fois le mix, nous n'étions pas trop sûrs de nous au départ. En fait, même si ça peut te sembler absurde, j'ai trouvé que nous avions trop de temps à notre disposition... Moi, je préfère parfois ne pas en avoir assez que trop. Là, nous disposions quand même de quatre ou cinq jours par titre : certains groupes font tout un album dans cette même période ! (Rires.)


    Tu étais content du résultat final ?
    Quelques semaines après, je ne pouvais pas porter de jugement car tu as toujours envie de changer quelques détails... Mais, au bout de six mois, après avoir oublié toutes les préoccupations, je trouvais que l'album sonnait plutôt bien. Le temps efface souvent les doutes, surtout en matière de production...


    Quel est ton disque favori du groupe ?
    Violator ! De toute façon, c'est selon moi, l'un des meilleurs albums de tous les temps. En revanche, celui que j'aime le moins, c'est peut être Songs Of Faith And Devotion, même s'il y avait quelques bons singles. Walking in my shoes, par exemple reste un superbe morceau.


    Tu as déjà eu l'occasion d'écouter Exciter?
    J'ai juste entendu une minute du nouveau single à la radio, dans un taxi... D'ailleurs, ça me fait penser que Daniel aurait déjà du m'envoyer un exemplaire ! (Rires.)


    Es tu déçu de ne pas avoir été rappelé pour travailler sur Exciter ?
    Non, parce que j'ai toujours pensé que, pour pouvoir garder une certaine fraîcheur, il ne faut pas hésiter à se remettre en question, à aller voir ailleurs, à tenter l'inconnu. Ce qui m'a toujours animé dans Bomb The Bass, c'est cette envie de rencontrer des gens qui peuvent changer certaines de tes perspectives. Et je crois qu'il est important pour la survie d'un groupe d'essayer de trouver à chaque fois une nouvelle énergie.






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